Le sommeil, bien précieux entre tous… par Marina Blanchart

Philippe consulte pour de la fatigue chronique. Il est épuisé et court sans arrêt ! Entre les enfants une semaine sur deux, son nouveau compagnon et le boulot où il s’investit au max, il ne voit pas le temps passer ! Je le questionne sur ses heures de sommeil. Coucher à 23h au plus tôt et souvent, il écoute encore un podcast dans son lit, il s’endort vers minuit et se lève à 5h30 pour anticiper l’organisation des enfants ou faire son sport sur les appareils de muscu qu’il a à la maison.

Il est capital pour toutes les personnes qui nous consultent en épuisement de commencer par vérifier les horaires de sommeil. Parfois, cela explique déjà beaucoup de choses comme dans le cas de Philippe. Selon le baromètre de Santé publique France, les nuits des Français ont perdu entre 1 heure et 1 h 30 en 50 ans (source : Le Monde, 12 mars 2019). Bien évidemment, les écrans sont en cause et cela s’accélère.

Nous nous étonnons donc du nombre de burnout et autres épuisements, mais la première cause est à aller tout simplement chercher là ! Il est donc capital d’explorer la quantité de sommeil afin de vérifier que le problème n’est pas juste pragmatique. 

Bien évidemment, la quantité de sommeil peut aussi manquer alors que la personne tente vraiment de dormir.

Les insomnies sont un sujet courant de consultation. Elles se présentent seules, à l’endormissement, sans raison apparente, en milieu de nuit ou comme conséquence à une autre problématique. Elles font alors partie du tableau clinique diraient des psy ou des médecins…
 

Comment accompagner quelqu’un qui en souffre ?

Clara se présente en consultation et me dit dormir tellement mal. Elle redoute le moment du coucher, le postpose et quand elle n’a plus le choix, il est tard, elle est épuisée, elle se couche, lit un peu, éteint et… attend le sommeil. Un soir n’est pas l’autre, elle peut assez rapidement sentir qu’il ne viendra pas et sent une sorte d’agitation s’installer.

Dominique vient avec une problématique semblable : impossible de s’endormir le soir ! Il en résulte épuisement, fonctionnement en mode automatique…

Je les questionne chacune : A-t-elle un souci particulier ? Quelque chose de précis qui lui trotte en tête ?

C’est effectivement le cas de Dominique, mais pas de Clara, elle dit penser à tout et à rien ou même simplement attendre que le sommeil se présente en se sentant de plus en plus énervée et frustrée.
 

Je vais d’abord explorer ce qui a été tenté pour faciliter l’endormissement. Elles me parlent de bain relaxant, de tisanes, de sophrologie, de médicaments qui fonctionnent un temps ou qui fonctionnent mais ne donne pas un sommeil qualitatif, de cohérence cardiaque, de lire, d’éloigner les écrans avec leur fameuse lumière bleue… Bref, une série de choses qui auraient pu fonctionner mais qui dans leur cas n’ont pas donné de résultats.

Quand on pratique le modèle de Palo Alto, on va extraire un thème de toutes ces tentatives de réguler le sommeil et ici, on va donc trouver le suivant : « Je dois dormir ! »
 

A chacune, je vais donc commencer par montrer la boucle systémique du « plus vous allez essayer de vous obliger à dormir, plus cela crée une tension intérieure et moins vous vous détendez, donc moins le sommeil se pointe… »  Il va donc falloir tenter autre chose.
 

Notre fameux virage à 180° me conduit au thème stratégique : « Je ne suis pas obligée de dormir ». Il est à deux niveaux : au niveau du contenu, on passe de « devoir dormir » à « ne plus devoir » et au niveau relationnel avec moi-même, je passe d’une obligation que je me mets à un lâcher-prise et une ouverture vers une nouvelle liberté.
 

Comment traduire en tâche cette non-obligation de dormir et surtout en tâche logique et acceptable pour mes patientes ?
 

Je vais utiliser des recadrages importants pour assouplir cette vision du sommeil indispensable : « Savez-vous qu’une étude a démontré que quand on est dans notre lit, même sans dormir, on récupère déjà à 70% ? », « Avez-vous déjà remarqué des différences les weekends ou en vacances ? » Souvent à cette question, les patients répondent que « oui, je dors mieux ! Je crois que c’est le stress de la vie active ! » et je complète : « ou le fait de moins vous mettre la pression car c’est peut-être moins important pour vous de dormir ces jours-là ? »

Doucement, j’essaie de rendre logique le fait que la pression aggrave et qu’on va donc la diminuer. Je pose aussi souvent cette question : « Savez-vous ce qui conduit au sommeil ? » … « La fatigue »

Je recadre aussi comme une torture le fait de s’obliger à dormir et de rester dans son lit alors qu’on se retourne continuellement, une torture qu’on s’inflige à soi-même !

Je vais donc proposer d’utiliser nos réflexes naturels pour tenter de gérer autrement.
 

Et concrètement, quelle tâche ?

Je vais vous demander de vous coucher comme d’habitude, de rester dans votre lit en vous donnant le temps habituel pour vous endormir (j’ai généralement questionné ce temps et je le nomme, une demi-heure, trois quarts d’heure…). Dès que vous serez dans un état où vous vous direz que c’est mal parti voire fichu, que vous sentez la nervosité ou si ce temps est écoulé, je vais vous demander de vous lever, c’est difficile mais peut-être pas autant que de continuer à vous torturer, à vous imposer à vous-même cette torture que vous connaissez bien et je décris au plus précisément et avec leurs mots comment c’est difficile… plus on a questionné de manière fine et concrète, plus on est capable de le faire bien !

Pour Clara qui n’a pas de souci précis en tête : « quand vous serez levée, je vous propose d’aller faire votre repassage en retard, le classement de vos photos dans vos dossiers d’ordinateurs, un album de ces mêmes photos, de nettoyer la maison, de trier des dossiers… ». Je vais proposer en fonction également de mon questionnement. On ne propose pas de passer l’aspirateur à quelqu’un qui vit dans un appartement avec deux enfants qui dorment. On questionne sur ce qui traîne, qui devrait être fait, des trucs que la personne postpose pour quand elle aura du temps… et on lui propose ces tâches qui n'ont jamais la place dans son horaire. Je demande d’y passer une heure montre en main en faisant sonner son téléphone et ensuite de retourner se coucher, de donner une chance supplémentaire à l’endormissement et après le laps de temps convenu au départ, de se lever à nouveau et de retourner à la tâche et ainsi jusqu’au moment où elle s’endort.

Je conclus en disant qu’ainsi en fin de nuit, même si elle est crevée, elle aura une satisfaction et sera moins frustrée car quelque chose aura avancé ! Elle aura évité la torture et sera satisfaite de ses photos rangées ou du repassage terminé.

De plus, on a ainsi augmenté leur fatigue, ce qui est formidable car cela sera notre meilleure aide pour les nuits suivantes… car en restant au lit, on se repose, on récupère trop finalement pour bien dormir le lendemain… J’annonce quand même qu’il ne s’agira probablement pas de ne le faire qu’une nuit, mais que cela devra être répété à chaque nouvelle insomnie. Quelle belle perspective d’avancement pour leurs photos !
 

Dans la situation de Dominique, je propose d’écrire pendant une heure tout ce qui est pénible, tout ce qui la tracasse, des lettres d’émotions si elle est envahie, des choses à faire si c’est cela qui s’impose au moment de l’endormissement. Je lui demande aussi d’y consacrer une heure et ensuite de retourner dormir. Je lui aurai expliqué auparavant combien les pensées ou les émotions, selon sa situation, auxquelles on ne laisse pas de place reviennent de manière envahissante et inlassablement si on ne les vide pas.
 

Pour les personnes qui s’éveillent dans la nuit, souvent, je commence par demander de faire semblant de dormir et de voir si le sommeil s’y trompe et si ce n’est pas le cas, je m’y prends comme pour Clara ou Dominique.
 

Et pour ceux dont l’insomnie est une conséquence d’un autre problème, on peut donner la tâche de Dominique, mais on va bien évidemment travailler également l’autre problématique : souci pour les enfants, de couple, professionnel ou personnel… 
 

Ne vous étonnez donc pas, cher lecteur, si vous passez devant chez moi et que les nuits de pleine lune, vous voyez de la lumière… je vous écris des articles ;-) !

Marina Blanchart

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