Stress social : comment changer le jeu ? par Anne-Françoise Jans.

Je n’ai pas confiance en moi ! Jeunes (et moins jeunes) viennent souvent consulter avec cette plainte. Ce manque de confiance se traduit essentiellement par une peur envahissante du jugement, l’impression de ne pas attirer spontanément les autres, des difficultés à briser la glace, en particulier avec des personnes moins familières, le sentiment de ne pas avoir la répartie facile, de ne pas amuser la galerie,…

 

Lorsque je  demande plus précisément à mes patients à quoi ils verraient que leur confiance augmente, ils me décrivent des situations sociales où ils prendraient aisément la parole, ils tiendraient  des propos brillants, ils auraient la répartie directe, bref,… ils se sentiraient détendus dans n’importe quelle situation, n’auraient pas peur du jugement des autres  et profiteraient du moment présent.  

Ils voudraient ressembler aux  « grosses personnalités », à ceux qui ont le don de parler sans réfléchir, qui font rire et qui n’ont aucune gêne à tenir des propos incohérents ni à monopoliser la conversation.

 

Et quand ils me racontent comment ils essaient  de gérer ces situations où ils se sentent « nuls » ou « transparents » ou les deux, ils m’expliquent qu’ils sont stressés, tendus, qu’ils sont dans leur tête, sans cesse occupés à réfléchir à un mot d’esprit, une réplique fluide et, s’ils les trouvent, ils n’osent pas les formuler ou la conversation a déjà glissé vers un autre sujet. Leur petit juge intérieur les tyrannise, critiquant leur manque de répartie, leur peu d’humour, les taxant de nuls.  A ces moments-là, ils ne sont pas dans le groupe, ils sont en dehors. Parfois, ils évitent carrément ce genre de situation en restant chez eux ou en se mettant en retrait. Ils voudraient se sentir inclus et à l’aise avec les autres mais leur attitude autocentrée, le regard que leur petit juge intérieur pose sur eux les rend finalement peu conviviaux puisqu’ils sont exclusivement tournés vers eux-mêmes. Bref, leur comportement aboutit au résultat inverse de l’effet recherché : ils apparaissent distants, renfermés, voire inaccessibles. Ils constatent que, contrairement à ceux qu’ils envient, on ne leur adresse pas spontanément la parole.

Ces moments sociaux  deviennent dès lors une torture mentale, gâchés par leur propre attitude et dont ils refont le film en se plaçant dans le rôle du loser, ce qui ne fait qu’augmenter leur souffrance et leur stress social.

Un jour, un étudiant en théâtre m’a donné l’idée de cette métaphore : il y a les comédiens qui sont nés pour amuser la galerie sur les planches et les spectateurs qui savourent le spectacle et qui donnent leur raison d’être aux comédiens : sans spectateurs, pas de spectacle!

J’invite tous ceux qui cherchent à augmenter leur confiance en société à être comme ces spectateurs actifs : ouverts, impliqués dans le moment présent, puisque leur unique rôle consiste à savourer le spectacle dans l’instant... Leur mission est d’aller au spectacle plutôt que de rester chez eux ou sur le pas de la porte du théâtre, d’être ces spectateurs actifs de  ce qui se joue sur la scène, de rire,  s’émouvoir, manifester ouvertement  sa joie, applaudir. Les comédiens n’existent pas sans leur public et le public a besoin de comédiens.

Je leur propose, lors de leur prochain moment social, d’adopter une nouvelle posture et d’endosser le rôle du spectateur enjoué. Je leur interdis de chercher des répliques, ils ne sont pas de ce côté des planches, ils doivent simplement profiter des amuseurs, s’y intéresser, … et pourquoi pas, lors d’un « bord de scène », leur poser des questions sur leur rôle… Rire, regarder, montrer sa joie et son contentement d’être là, relax, sans aucun personnage à incarner. Etre bon public !

Et s’ils vont voir une pièce de  théâtre participatif et que les comédiens leurs proposent de monter sur les planches, ils peuvent annoncer qu’ils ne sont pas professionnels et que, peut-être, ils ne seront pas aussi amusants, performants … Et voilà qu’on désamorce tout simplement la peur du jugement, de ne pas être au top et, imperceptiblement, on pourrait même devenir ce bon acteur qui ne s’est pas pris la tête et trouve spontanément d’excellentes répliques!

Lorsqu’ils reviennent après cette expérience, mes patients ont vécu leurs soirées en pleine présence, sans le stress que leur petit juge intérieur leur imposait généralement. Ils relatent aussi qu’étonnamment!, des personnes sont venues vers eux et leur ont adressé la parole.

Il suffisait peut-être tout simplement de changer de posture… De sortir de la crispation d’un rôle qui ne nous est pas familier à tenir pour aller vers ce rôle tellement plus détendu du spectateur qui réjouit l’acteur en recherche d’approbation. La place de celui qui écoute attentivement ceux qui parlent et qui sont ravis d’être écoutés.

Mais ne risque-t-on pas de figer le patient dans un rôle qu’il ne cherche pas à tenir ? En réalité, s’il lâche la pression, s’il relègue son petit juge interne, il sera beaucoup plus détendu et prendra plus facilement part à la conversation, à l’animation. Il profitera davantage du moment social présent. Et si les grands groupes de personnes peu familières ne répondent pas à son ADN, pourquoi se forcer à y participer ? N’est-il pas plus écologique de privilégier les petits groupes où on échange plus authentiquement et accepter que ce mode de relation est celui qui nous correspond le plus, qui nous enrichit davantage et nous permet d’interagir plus en profondeur?

Choisir la scène intime ou la grande scène, aller de l’une à l’autre selon ses envies et ses besoins sans pression, sans obligation, sans script.

Anne-Françoise Jans

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