Il y a un outil très simple et très puissant que j’utilise de plus en plus souvent dans mes séances de coaching systémique. Il me vient du médecin Jean Becchio, praticien français des Techniques d’Activation de Conscience (TAC). C’est le dessin.
Je propose en effet au coaché de dessiner, et ce après quelques petites minutes d’entretien à peine, dès la première séance. L’entretien commence normalement, avec les questions habituelles sur ce qui amène la personne, son problème, sa souffrance. Et avant d’avancer plus loin dans l’échange, je lui tends une feuille et un crayon, et lui propose de représenter l’inconfort ressenti lorsqu’elle est plongée dans son problème. « Laissez émerger l’image qui vous vient. Le dessin peut être symbolique évidemment. » Une fois que le coaché a fini - et cela peut prendre de 1 à 5 minutes silencieuses -, je lui dis, sans demander d’explication: « Maintenant, sur une autre page, vous allez dessiner comment ce sera (et j’utilise sciemment le futur, et non le conditionnel – c’est une suggestion qui active le processus de changement) quand votre problème sera résolu, ce qui se passera quand vous serez en situation de confort. » Ce n’est qu’une fois le deuxième dessin réalisé que je demande au coaché de me montrer ses deux dessins et de les décrire. Ainsi, Pierre dessine un nuage noir puis un soleil, Jeanne une porte fermée et puis un chemin qui mène vers la lumière, Fabien un personnage minuscule dans l’ombre d’un géant et puis deux bonshommes de taille égale…
Cette technique a de nombreux atouts :
- Les descriptions que le coaché fait des deux situations nourrissent mon décodage systémique et étoffent mon mapping : ce qu’il ressent, ce qu’il se dit, ce que ‘la vie lui fait’ (flèches entrantes), parfois même ce qu’il en fait (parfois déjà des TR!).
- Communiquer via le dessin permet de contourner le mental, ce qui est particulièrement utile pour inviter à parler les personnes en difficulté avec les mots, les très timides, les enfants ou celles qui se noient (et nous avec !) dans leur logorrhée.
- Puisqu’il s’agit de dessiner un inconfort et un confort ressentis, la voie est ouverte pour questionner les sensations et les émotions. Et je le fais tout en montrant mon propre corps avec les mains - mon cou, mon thorax, mon ventre - pour inviter le coaché à faire de même, et ainsi se connecter à son corps (qui en sait souvent plus que la tête).
- Sur le plan neuronal, le fait de dessiner le confort après avoir représenté l’inconfort permet d’enclencher le processus de changement dans une partie du cerveau au-delà, ou en deçà, du réflexif. Il n’y a du coup pas de « mais je n’y arriverai jamais », de « j’ai déjà tout essayé », ni de contre-argumentation.
- Avec ses deux dessins, le patient nous offre de précieuses métaphores, que nous utiliserons évidemment lors des échanges pour être au plus près de sa vision du monde et nourrir l’alliance thérapeutique. « Votre noeud de ficelles emberlificotées » puis « ces ficelles qui flottent, enfin libres », ou « ce bonhomme minuscule à côté du géant » puis « ces deux personnages de taille égale »…
- Parfois, en décrivant ses dessins, le coaché se met à faire des gestes (porter les mains à la gorge en signe d’étouffement ou, au contraire, redresser le thorax, par exemple) ou des onomatopées (un « pffff » de dépit, un « ahhhh » de contentement) : eux aussi, je les réutilise comme métaphores par la suite. Ces mouvements et ses sons en disent long pour le coaché, et offrent l’avantage de rester dans le métaphorique, cet espace merveilleux qui permet tous les changements, où se trace plus facilement les nouveaux chemins vers le confort, hors des ornières que les TR avaient creusées à la longue.
À vos crayons !