Notre approche de la thérapie brève est également utilisée en coaching professionnel pour débloquer ce qui bloque. Je souhaitais vous partager aujourd’hui quelques exemples de personnes que j’accompagne et qui sont venues me trouver afin de les aider dans leur phase de changement professionnel.
Les réorientations professionnelles débouchent parfois sur des projets de création d’entreprise.
Certaines personnes, malgré le fait qu’elles soient très motivées et très compétentes pour lancer leur activité, se retrouvent parfois bloquées.
Le premier exemple est celui de Marie. Elle est consultante en marketing depuis 15 ans dans la même entreprise. Elle vient me voir afin de l’aider à préparer son projet. Elle souhaite créer une entreprise de vêtements et de déco en ligne pour enfants. Elle a un super business plan, bien ficelé que nous avons travaillé ensemble. Mais cela ne lui suffit pas. Elle stagne. Pas moyen de se lancer. Pourtant tous les feux sont verts mais elle reste figée et fait du sur place. J’explore alors avec elle les risques du changement. Je lui propose comme tâche de noter tout ce qu’elle ressent quand elle procrastine et ce qui se passe pour elle dans ces moments-là.
Elle revient à la séance suivante avec une liste de ses peurs. Elle a peur du jugement des autres. Elle se pose alors plein de questions « Que vont penser sa famille et ses amis si elle leur annonce qu’elle quitte son emploi pour faire ce qu’elle aime vraiment ? ». Cela voudrait dire qu’elle ne va plus travailler ? Ils vont penser qu’elle se la coule douce puisqu’elle n’a pas un « vrai boulot ». Je repère alors que dans ses tentatives de régulation elle se fait des scénarios ou elle imagine tous ce que les autres vont penser. Et ensuite elle se dit : « il faut absolument que je continue à parfaire mon Business Plan pour être au taquet ». « Je dois leur prouver que c’est du sérieux ». Le problème c’est qu’en faisant ça, en réalité elle évite de penser à ce changement de positionnement avec son projet. Et du coup, elle évite de se préparer à assumer cette nouvelle position et ses choix face à son entourage.
Je travaille alors avec elle sur sa vision du monde. Cette croyance venant de son père qui dit « dans la vie il faut « travailler !» ; « Un vrai travail c’est un travail intellectuel dans une grosse boîte ».
Quand elle prend conscience qu’elle pourrait peut-être s’autoriser à faire un projet qui lui plait vraiment, elle accepte alors de pouvoir se préparer en travaillant sur l’affirmation de ses choix, sur ce qu’elle pourrait répondre à son entourage. Et surtout se préparer à d’éventuels jugements. Il s’agit ici d’assumer ses choix jusqu’au bout même si cela ne plait pas à tout le monde.
Une fois cette première peur levée, une autre apparait. « Et si je réussis trop bien dans mon projet ? Comment vais-je gérer ma famille et l’équilibre vie privée et vie professionnelle… » Nous voilà reparties dans une autre phase de préparation. Elle va devoir apprendre à mettre ses limites !
Le deuxième exemple est celui de Katia. Katia est boulangère de formation et a travaillé pour un patron pendant 10 ans. Elle vient de déménager et a décidé de lancer sa propre pâtisserie artisanale dans son nouveau village. Katia est passionnée. Sa pâtisserie marche du tonnerre. Mais force est de constater qu’elle n’est pas rentable. Nous analysons alors ensemble ce qui ne fonctionne pas. Sa marge est trop faible. En faisant une rapide étude de marché par rapport aux autres pâtisseries de la région, on se rend compte que ses prix sont 30 % moins chers que ses concurrents.
Le problème de Katia est qu’elle est atteinte du « syndrome de l’imposteur ». Vous connaissez ? Cela signifie que chaque fois qu’elle imagine augmenter ses prix, elle se dit « mais qui suis-je pour faire payer si cher mes clients ? ».
C’est un syndrome que je rencontre régulièrement chez mes clients entrepreneurs.
Le problème c’est que le marché ne fonctionne pas comme ça. Un produit de qualité attend un positionnement d’un prix plus élevé. Plus elle fera des prix au rabais moins ses produits auront de la valeur aux yeux du marché et moins elle aura de rentabilité.
Elle a peur d’être démasquée comme imposteur et du coup elle donne des pâtisseries gratuitement à ses clients. Ou elle répond à des devis pour des anniversaires avec des prix aux rabais. Et donc les gens reviennent avec une attente encore plus grande d’avoir des réductions. Le problème, c’est qu’elle risque de tomber dans le cercle vicieux de travailler de plus en plus et de gagner de moins en moins. Je lui montre alors ce cercle vicieux en lui expliquant que j’ai personnellement peur qu’à chaque fois qu’elle vende un produit au rabais, elle prépare la prochaine attente d’un prix plus bas d’un prochain client. En faisant ça elle risque même un jour de perdre en qualité car elle n’arrivera plus à payer les bons produits de matières premières. Et c’est là qu’elle aura peut-être vraiment le profil de l’imposteur.
Par contre, c’est en valorisant ses produits avec le juste prix qu’elle pourra petit à petit prendre confiance en sa valeur ajoutée et soigner son syndrome.
Elisa, designer depuis 10 ans comme indépendante souhaite créer son entreprise et engager du personnel pour la décharger dans certaines tâches. Elle vient chez moi car elle est très stressée depuis qu’elle doit faire toutes ses démarches administratives. Elle me dit être tout le temps frustrée. Elle a l’impression qu’elle fonctionne différemment de tout le monde. Elle ne supporte pas devoir dépendre du travail de quelqu’un d’autre. Elle me dit être en colère sur beaucoup de monde : son banquier, le secrétariat social, son comptable, l’assurance. Bref, personne ne va assez vite. Ils sont tous incompétents. Elle doit tout vérifier 5 fois et il y a toujours des erreurs. Cela la rend dingue. Elle finit par ne plus avoir de temps ni d’énergie pour faire son propre boulot. Elle se sent épuisée.
Je lui montre à quel point elle est quelqu’un de professionnel et qu’elle a l’habitude de tout contrôler. Qu’elle a un vrai profil d’entrepreneure qui gère sa boite de A à Z. Mais que comme dans beaucoup d’entreprises qui se développent bien, il y a un moment ou l’activité passe de la phase d’enfance à l’adolescence. En tant que mère fondatrice et avec toute la bonne logique, elle essaie de garder sous cloche l’ensemble des tâches. Mais vu le changement de taille de l’entreprise, elle risque en essayant de continuer à tout contrôler, d’un moment s’épuiser et finir par perdre totalement le contrôle.
Je lui propose comme tâche de lister les activités qu’elle serait prête à lâcher et choisir celles sur lesquelles elle choisit de garder toute son attention et son temps.
Ensuite elle va commencer par une première activité qu’elle décide de déléguer. Mais elle devra totalement la déléguer pendant une certaine période.
En parallèle je lui demande de lister les risques de ne pas du tout contrôler et noter ce qui se passerait si elle n’intervenait pas du tout.
En séance je lui fais vivre le scénario du pire avec cette activité. Ceci lui fait réaliser que les risques ne sont que limités et surtout qu’elle pourra trouver des solutions ou des ressources pour un éventuel plan B.
Je l’ai invitée également à travailler sur ses ressentis au moment où elle ressentait ce sentiment de frustration. Je l’invite à prendre quelques instants pour s’y connecter et accueillir ce ressenti au lieu de l’éviter.
Suite à ce travail réalisé ensemble, elle a pu mettre au clair la liste des activités à déléguer et s’y préparer et la liste des activités qu’il était plus judicieux de ne pas déléguer.
Ces trois exemples illustrent des problématiques assez récurrentes dans les freins à l’entrepreneuriat qui sont :
La peur du jugement qui pousse à la procrastination, le syndrome de l’imposteur qui nous mène parfois à nous sous-évaluer et le besoin de contrôle qui peut devenir contre-productif.
Il y a bien sûr d’autres problématiques entrepreneuriales qui peuvent être déjouées par notre approche de la thérapie brève et qui aide chaque jour des entreprises à se créer.