L'éco-anxiété est un concept relativement nouveau qui décrit un état de préoccupation et d'inquiétude concernant l'état de l'environnement. Ce type d'anxiété peut se manifester sous différentes formes, comme la culpabilité ou l'impuissance face aux problèmes environnementaux, la peur pour l'avenir ou la tristesse pour les pertes écologiques déjà subies.
Dans un contexte de crise environnementale mondiale, l'éco-anxiété est de plus en plus fréquente chez les individus. Cette anxiété peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale, notamment sur l'humeur, le sommeil et les relations interpersonnelles.
Pour comprendre l'éco-anxiété, il est important de l'aborder dans le cadre d'une vision systémique. Cela signifie que nous devons considérer l'individu en relation avec son environnement et les systèmes auxquels il appartient. Dans ce contexte, l'éco-anxiété peut être considérée comme une réponse normale à un environnement incertain et instable.
Jeanne vit dans la peur quant à l’avenir de notre planète : elle s’informe, elle en parle et sa peur grandit. Malgré le fait que d’autres tentent de la rassurer ou de lui dire d’y penser moins, elle les trouve inconscients et ne peut s’empêcher de ruminer ses pensées anxieuses. Ces pensées et sa peur la figent dans une inaction et une passivité. Elle ne trouve pas facilement le sommeil. Elle voudrait sauver le monde, mais la tâche lui semble impossible !
Quand je la rencontre, elle est tellement en panique que plus rien ne lui semble suffisant, le monde est déjà foutu, il est trop tard pour réagir d’après elle, elle rumine, pleure et parfois se sent en colère contre l’humanité toute entière et le manque de réaction des politiques et de la population ! « Comment peut-on rester aussi passif ? » dit-elle tout en se repliant au creux de ses pensées douloureuses et de son sentiment d’impuissance.
Il est important de la recadrer en lui demandant si elle connait l’histoire du colibri*… Elle la connaît car Pierre Rabhi est un de ses héros ! Et pourtant, il y croyait, lui, dis-je avec un petit sourire… elle dit : « c’est vrai ! » et me sourit pour la première fois.
Progressivement, je la conduis à regarder autrement ses tentatives de régulation : « plus vous prenez des infos, plus c’est angoissant et plus, cela semble impossible de réagir… », « plus vous en parlez, plus les autres minimisent et plus vous êtes en colère ! Vous avez de plus en plus de bonnes raisons de l’être d’ailleurs ! », « plus vous espérez que cela change sans agir, plus vous vous sentez impuissante et plus ça fait peur »…
Elle m’arrête et me dit : « j’ai l’impression que finalement, je devrais arrêter d’attendre que le changement vienne des autres… », je m’arrête et laisse un silence. Elle complète : « si je veux être le colibri, je dois me bouger… »
Afin de ne pas lui mettre la pression, ni la laisser se la mettre, je l’encourage à ne pas aller trop vite, à juste imaginer ce qui serait à sa mesure sans encore passer à l’action… et je lui demande de ne plus en parler sauf pour chercher des pistes d’action et d’arrêter de s’informer sur le problème.
A partir de là, elle change sa manière de penser au problème : elle retrouve un petit pouvoir sur des petites choses. A la séance suivante, elle a participé à une action collective de nettoyage et s’est inscrite dans un réseau de personnes actives pour l’environnement. Elle est fière de cette première action hors de son quotidien.
Progressivement, elle sort de l’impuissance et retrouve un espoir. Il revient par goutte et je continue à freiner en reconnaissant que son angoisse a du sens. Lors de la deuxième séance, je travaille sur l’utilité de la peur. A quoi peut-elle donc servir à part pourrir ses nuits ? On développe ensemble l’intelligence des gens anxieux qui peuvent être traités de pessimistes, alors qu’ils sont réalistes et comment leur peur en étant bien utilisée peut être une bonne manière de protéger la planète ou au moins de limiter les dégâts… Cela permet d’accepter cette émotion et d’en faire une ressource pour le passage à l’action qui est le 180° de sa position statique de départ.
Jeanne réagit d’une manière bien à elle et n’est pas la seule à être figée par la peur, d’autres éco-anxieux, au contraire, vont se mobiliser d’une manière excessive et on va travailler avec eux sur un recentrage vers les actions les plus qualitatives que quantitatives, on va les aider à viser le long terme et le fait de tenir plutôt que s’épuiser rapidement. Chaque situation est spécifique et bien entendu notre suivi sur mesure !
*L’histoire du Colibri : La fable raconte l'histoire d'une forêt en feu, où tous les animaux étaient terrifiés et impuissants face à l'ampleur du désastre. Tous, sauf un petit colibri qui s'activait sans relâche, allant chercher des gouttes d'eau avec son bec pour éteindre les flammes.
Les autres animaux, surpris et interloqués par les actions du petit oiseau, lui demandèrent ce qu'il faisait. Le colibri leur répondit : "Je fais ma part". Et malgré le découragement et le scepticisme des autres animaux, le colibri continua à faire sa part, aussi minime soit-elle.