Il y a des mots qui, quand on les prononce, évoquent des sensations agréables...
Il y a des mots qui , quand on les énonce, sont signes de légèreté et de sérénité...
C'est loin d'être le cas pour celui – ci : « Coronavirus ».
Ce « coco le virus » comme certains enfants l'appellent, nous envahit plutôt de sensations de tension comme une gorge nouée, une boule au ventre, une nuque tendue,...
Il peut faire naître en nous, et de façon tout à fait légitime, des émotions de peur, de tristesse, d'impuissance,...
Il peut faire apparaître des pensées négatives empreintes de doutes et de questions liées à un futur incertain voire inconnu.
Nous sommes dans un contexte où nous avons de bonnes raisons de ressentir ces sensations, d'éprouver ces émotions et de se les représenter.
Il semble essentiel de pouvoir tout d'abord accueillir tous ces « messagers », d'entendre leur contenu pour pouvoir ensuite choisir ce que nous voulons en faire.
Accueillir, c'est s'ouvrir à ce que nous vivons sans le réprimer ni le fuir. C'est être conscient qu'il y a une part de nous qui a de bonnes raisons d'être habitée par ce vécu peu agréable et source de souffrances.
Et si ce contexte de confinement nous permettait d'être plus accueillants?
- Accueillant envers nous-même et nos fragilités : Nos peurs, notre impuissance et nos questionnements peuvent nous guider lorsque l'on prend la peine de leurs ouvrir la porte...Et si accueillir la part plus sombre et fragile de nous-même nous permettait d'en découvrir l'autre versant ? A 180° de la peur, il y a le courage et l'envie, à 180° de l'impuissance, il y a la force, à 180° des questions, il y a les réponses...
Dans l'ombre, il y a la lumière et dans le problème, il y a la solution...
Mais comme « on ne peut quitter un pays où on est jamais allé » il faut d'abord parfois se rejoindre soi pour trouver le sens d'une nouvelle destination...
- Accueillant envers l'autre et pour l'autre : l'actualité montre que pour chasser ce virus ennemi, il nous faut être créatifs ensemble. Derrière le « co » de Coronavirus, il y a aussi le « co » de coopération, de collaboration, de co-responsabilité,...
Le privé et le public s'unissent pour trouver des solutions, les nations communiquent entre elles et développent des partenariats plutôt que des oppositions. Les actions bénévoles s'envolent aux quatre coins du pays.
C'est donc par les actions où chacun se complète en fonction de ses ressources et compétences que l'on peut avancer vers un futur plus serein.
Le tout est plus que la somme des parties...Nous sommes tous interdépendants.
C'est par l'interaction que le virus se propage mais c'est aussi par nos inter - actions qu'on peut y faire face. Sans se toucher avec nos corps, nous pouvons être liés grâce à des idées, des initiatives communes allant dans la même direction.
- Accueillants envers nos proches : dans ce contexte de confinement, nous voilà contraints, par solidarité et pour la santé publique, à rester chez nous, tous confinés sous le même toit...
C'est ici que le verbe co-habiter prend tout son sens ! Habiter avec, vivre ensemble...Pour le meilleur et pour le pire !
Nous expérimentons cette réalité de confinement depuis déjà quelques jours voire quelques semaines. Un équilibre familial et/ou de couple est sans cesse à reconstruire.
Cela ne peut se faire sans tensions. Elles sont, elles aussi, naturelles dans ce type de situation. A nous de les accueillir et de voir ce que l'on choisit d'en faire.
Car nous sommes souvent doués à mettre en place des comportements et à exprimer des discours qui ne font qu'aggraver l'ambiance familiale, les colères des enfants ou du conjoint .
Dès lors, après avoir accueilli la légitimité d'une tension, posons-nous aussi ces questions:
« En quoi suis-je responsable de ce conflit, de cette énergie négative entre nous »
« Qu'est-ce que je fais ou qu'est-ce que je dis qui a tendance à aggraver la situation et/ou notre relation »?
On sait que l'être-humain est peu ouvert au changement et tend à maintenir l'homéostasie d'un système. En même temps, il se doit aussi de s'adapter, de s'ouvrir pour survivre et de reconnaître sa part de responsabilité. Et ainsi de ré-insuffler de la fluidité relationnelle dans l'ensemble d'un système !
La propagation de ce virus change notre quotidien, notre rapport à l'environnement, nos interactions aux autres et à nous-même. Nous qui avons souvent besoin de tout contrôler pour nous sentir rassurés, nous voilà face à l'obligation d'accepter des zones d' inconnues, d'accepter l'inconcevable, de renoncer aux habitudes de notre vie pour sauver des vies.
Alors dans cette atmosphère, accueillons le fait que nous sommes sous contrainte et reprenons du contrôle sur les choses qui sont de notre ressort.
Posons des choix là où nous pouvons en poser... même confinés...
Et c'est ainsi qu'un enfant choisira de faire une cabane dans le fond d'un grenier ;
qu'une mère fera le choix de reprendre ses pinceaux pour se changer les idées,
qu'un père aura choisi d'accompagner sa fille à travailler,
qu'un ado donnera de son temps pour aider
que des grands parents se mettront à danser pendant que d'autres feront le choix de méditer
Et que dans les familles et les communautés, l'amour et puis l'humour soient inscrits en premier.
Goûtons à chaque instant le privilège du choix, là où à chaque instant certains n'ont plus le choix…