Aller chercher dans le passé pour faire bouger le présent… Par Clotilde Jaqcuet

Pendant que les étudiants reprennent le chemin des écoles, des cours et vivent de nouvelles rencontres avec de nouveaux professeurs et d’autres jeunes ; voilà que l'envie me prend de me poser. 

Et si , dans ce tourbillon de projets et de nouveautés, je m'arrêtais un peu...

Et si, avant de repartir et de visiter de nouveaux paysages, je soulignais aujourd'hui à quel point il me semble essentiel d'aller explorer la vision du monde du patient et certains éléments de son passé  pour lui permettre d'enclencher le changement...il y aurait encore alors un petit goût de vacances dans l'air !

 

            Je me souviens de Sofia, 55ans, coordinatrice dans une organisation syndicale. 

Elle est petite en taille mais grande de par ses compétences professionnelles, son souci d'aider les autres et son investissement pour son travail. 

Remplie de valeurs signes de solidarité et d'énergie collective.

Elle arrive au premier entretien repliée sur elle-même ; ses cheveux noirs et longs cachent son joli visage qui, aujourd'hui est habité de fatigue et d'inquiétude. Elle se tient courbée dans le fauteuil et parle d'une toute petite voix.  

Elle me dit d'emblée qu'elle ne se reconnaît plus actuellement. 

Elle qui a toujours de l'élan pour son travail, elle n'y voit plus le sens...

Elle se sent vieille dans ce monde où tout est immédiat  etinformatisé. 

En pleurant, elle me dit ne plus avoir de force, être habitée d'une grande fatigue.

Elle me confie aussi sa gêne de se retrouver face à moi...

Alors que c'est souvent elle qui, dans son travail, écoute, conseille et trouve des solutions lorsque les autres sont coincés, aujourd'hui, elle est de l'autre côté.  

Aujourd'hui, c'est son dos qui fait mal...qui coince... Aujourd'hui, elle est en arrêt de maladie et elle le vit comme un échec...elle soufflera le mot honte aussi un peu plus tard...

Aujourd'hui, elle ne peut plus rien faire d'autre que de se poser là... se déposer...

A moi d'accueillir humblement ce qui vient, à son rythme. A moi, de souligner que je comprends que la démarche d'aller rencontrer une personne extérieure n'est pas évidente pour elle. A moi, déjà, de la remercier pour ce qu'elle vient de me confier...

 Pourquoi venez-vous maintenant ?

« Parce que je dors depuis trois semaines et que je ne fais plus rien d'autre...Parce que je dois aller mieux ! Parce que je ne peux pas accepter d'être limitée...Parce que quand j'ai un problème, il me faut percevoir un résultat, une solution... 

            Je veux que vous m'aidiez, il faut que j'avance, je me dois de reprendre le travail»....

«  Et si le problème était la solution »....

En allant rejoindre sa vision du monde et son passé, on comprend à quel point le travail est une valeur importante pour elle, à quel point il a été source de vie et d'indépendance puisque c'est à travers le travail que Sofia s'est sentie reconnue socialement. Dans son pays, être une fille est source de déshonneur...être un homme, source de grandeurs.

Alors que pour sa famille, elle était destinée à rester au foyer et à « servir » , son choix est de rompre tout contact avec les siens, de fuir et de développer ses connaissances afin de se débrouiller seule et de ne dépendre de personne. 

            Le risque de ne pas reprendre serait de ne plus être utile, de ne plus savoir qui elle est et de se perdre...Le risque serait le vide... « Que peut-on faire d'autre que de travailler quand le travail nous a sauvé  et a donné l'unique sens à l'existence » ? me dit-elle.

Je peux alors mieux comprendre en quoi c'est logique pour elle d' enchaîner les heures supplémentaires sans les compter, de se donner avec conviction dans son travail...

au point de ne voir que très rarement sa fille...de ne plus faire de jardinage, de ne plus lire, de ne plus passer de moments privilégiés avec son compagnon....

Le travail a toujours été TOUT et  sans lui, elle a peur d'être réduite à RIEN.

            « Reprendre, c'est aider, lutter pour plus de  justice et de reconnaissance sociale. Reprendre, c'est se battre, c'est être forte, me dit-elle. »  

 

            Plusieurs recadrages sont semés tout au long de la séance...le frein est actionné en douceur...

D'abord, travailler l'acceptation d'un état que madame n'accueille pas et qui est signe de lutte.. 

« Finalement, vous qui avez lutté toute votre vie pour revendiquer votre place et pour éviter d'être « esclave », en voulant reprendre trop vite, j'ai peur que vous  soyez l'esclave de vous- même puisque vous ne respectez pas ce corps qui crie que c'est trop dur actuellement. En reprenant trop tôt, j'ai peur que vous vous malmeniez alors que c'est ce que vous avez voulu éviter toute votre vie. 

 J'ai même peur que vous perdiez encore plus le sens de votre travail si vous ne prenez pas plus de recul par rapport à celui-ci. Vous remettez en question l'immédiateté des nouvelles technologies et de notre société et en même temps en voulant retourner trop vite, j'ai l'impression que, d'une certaine façon, vous la cultivez... »

 

C'est ainsi que le  180° va se dessiner étapes par étapes....

En allant rejoindre la vision du monde, nous récoltons des éléments essentiels pour activer des leviers de changements...Utiliser la peur plus grande et la culpabilité de reprendre trop vite (en allant rejoindre avec respect et empathie stratégique) pour, dans un premier temps, l' aider à accepter son manque d'énergie et sa fatigue plutôt que de lutter contre.

Plus tard, travailler les risques de mettre ses limites au travail ou au quotidien et d'écouter davantage ses besoins. Apprendre à être attentive aux feedbacks lorsqu'elle satisfait un besoin ; qu'est-ce que cela fait de respecter son horaire en prenant son jour de congé et ses temps de midi par exemple... 

Vivre des expériences émotionnelles comme celle de demander de l'aide à son compagnon  n'est pas signe pour autant de dépendance et d'incompétence.

Et plus loin encore, se donner la permission de se reconnecter à la partie plus féminine d'elle-même et d'éprouver du plaisir dans différents domaines de sa vie sans se censurer.

 

Rejoindre la vision du monde pour ensuite, par des recadrages, pouvoir l'assouplir afin de modifier des apprentissages et ouvrir un nouveau champ de possibles en rendant les tentatives de régulations aversives...

 

Aller chercher les éléments du passé qui vont être pertinents pour comprendre le présent...et ainsi donner le mouvement vers le changement...

Prescrire une tâche logique à un patient qui a de nouveaux yeux....

Quelle expérience enrichissante et quel programme !

Et le tout dans une atmosphère constructiviste...

car c'est ensemble, avec le patient que l'alchimie opère...

car il y a plusieurs réalités...et qu'il est toujours bon de s'en rappeler...

car  le tout est plus que la somme des parties...

car le résultat dépend de la qualité émergente d'une relation thérapeutique

car ce qui est bref, ne doit pas être d'office brutal mais toujours écologique ! 

 

Je vous souhaite une magnifique reprise, de belles découvertes de nouvelles visions du monde !

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